Des milliers d'assurés ne perçoivent plus d'indemnités de l'Assurance maladie avec ce changement technique

Des milliers d'assurés ne perçoivent plus d'indemnités de l'Assurance maladie avec ce changement technique

Rien ne va plus dans certaines caisses de l'Assurance maladie : des milliers d'assurés ne reçoivent plus leurs indemnités journalières depuis des mois à cause d'un changement technique qui pourrait toucher la France entière.

Retards de paiements, versements non effectués, montants erronés… Depuis plusieurs mois, des milliers d'assurés sociaux rencontrent de sérieux problèmes avec les indemnités journalières que leur Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) est censée leur verser pendant leur arrêt de travail. Des problèmes qui les plongent dans une situation financière délicate. 

Pour boucler leurs fins de mois, certains ont même dû reprendre le travail à plein-temps malgré les consignes de leur médecin, C'est le cas de Magali M., qui souffre d'un problème à l'épaule depuis plusieurs années et qui est en mi-temps thérapeutique. "Avec mon mari, nous avons un crédit à rembourser pour notre maison. Tous les mois, c'est la galère, je suis constamment à découvert", déplore-t-elle auprès de nos confrères de RMC. 

Une précarité qui se double d'une véritable détresse psychologique. "Vous n'imaginez pas le nombre de fois où j'ai appelé la CPAM en pleurant, pour leur dire que j'allais me foutre en l'air. L'aspect financier est dur, mais c'est surtout celui psychologique qui pèse. Se retrouver à faire ses comptes en permanence, c'est angoissant".

La faute revient à Arpège, un  nouveau logiciel censé automatiser le versement des indemnités journalières pour arrêts maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, en remplaçant un système vieux de vingt ans. Or, depuis sa mise en service expérimentale en automne 2024 en Loire-Atlantique et en Vendée, des milliers d'assurés se retrouvent privés d'indemnisation. Pour un logiciel qui a nécessité 37 millions d'euros d'investissements, c'est un fiasco…

Rassemblant quelque 1 400 membres, un collectif de victimes baptisé "Arpège, non merci !" a été créé pour tenter d'organiser une riposte. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a reconnu que " les résultats ne sont pas au rendez-vous ", mais il indique que ses services avaient rapidement réagi. En réponse aux dysfonctionnements récuurents, plus de 90 000 acomptes ont été versés à 41 600 personnes en Loire-Atlantique et 15 600 en Vendée, pour un total de 68 millions d'euros.

Une compensation qui débouche toutefois sur un véritable parcours du combattant administratif, puisque ces sommes ne sont pas indiquées sur les comptes Ameli des assurés comme des indemnités journalières, ce qui pose problème vis-à-vis des prévoyances, mais aussi pour déclarer ses revenus ou demander des aides sociales auprès de la CAF. Il s'agit donc d'un pansement sur la plaie plutôt que d'une véritable solution.

Il faut espérer les bugs d'Arpège soient effectivement corrigés pour que tout rentre vite dans l'ordre. Car même s'il a été repoussé en raison de ces soucis, le déploiement du fameux logiciel à l'échelle nationale, initialement prévu pour 2025, a été reporté à 2026. Si rien n'est fait d'ici là, ces problèmes risquent de concerner beaucoup plus de monde.