Ce symbole popularisé par Internet n'a rien de moderne : il existe depuis le Moyen Âge

Ce symbole popularisé par Internet n'a rien de moderne : il existe depuis le Moyen Âge

Il est présent sur tous les claviers d'ordinateurs et dans chaque e-mail envoyé dans le monde. Pourtant, ce symbole trouve ses origines au Moyen Âge, bien avant l'ère de l'informatique.

Il s'invite dans chaque e-mail envoyé et ponctue nos communications numériques sans même qu'on y prête attention. Le symbole "@", que l'on appelle communément l'arobase, est devenu un élément indispensable dans notre quotidien connecté. Il trône dans toutes les adresses électroniques, identifie les utilisateurs sur les réseaux sociaux et s'affiche sur les claviers de nos smartphones. Pourtant, bien avant l'avènement du Web bien avant même l'invention de l'ordinateur, ce curieux caractère était déjà utilisé dans les manuscrits du Moyen Âge.

Il faut remonter aux moines copistes du VIe ou VIIe siècle pour trouver les premières traces de ce signe. À une époque, les scribes médiévaux avaient mis au point, afin de gagner du temps, une abréviation pour le mot latin ad, signifiant "vers" ou "à". En liant le "a" et le "d" en un seul trait de plume, au point qu'ils finirent par se confondre, ils ont donné naissance à un graphisme arrondi, souvent très proche de l'arobase que nous connaissons aujourd'hui. Il s'agissait d'un raccourci de copiste, qui permettait d'écrire vite et de manière lisible.

Au fil des siècles, le symbole a évolué. Il a fini par atterrir dans les documents commerciaux de la Renaissance, notamment dans l'Espagne et l'Italie marchandes, où il correspondait au "à" et faisait office de "au prix unitaire de". Sa forme particulière le distinguait d'un simple "a", visait à le rendre plus visible dans les écritures. Le système comptable italien s'est ensuite naturellement répandu dans toute l'Europe, notamment au début du XVIIIe siècle en Angleterre, diffusant par la-même le signe "@". L'arobase entre ainsi dans les usages marchands et comptables bien avant l'avènement de la machine à écrire. 

©  le Livre des péricopes d'Henri II - Wikipedia

Avec l'arrivée des premières machines à écrire individuelles anglo-saxonnes utilisées à des fins commerciales, en 1883, l'usage de l'arobase s'est popularisé. Il servait alors à indiquer des taux d'intérêt dans l'écriture commerciale. Il a par la suite été exporté sur les claviers d'ordinateurs.

Mais c'est en 1971 que le destin du symbole bascule définitivement. L'ingénieur américain Ray Tomlinson, alors chargé d'expérimenter un système d'envoi de messages entre ordinateurs, doit choisir un caractère pour séparer l'identifiant du nom de domaine. L'arobase, présent sur les claviers anglo-saxons mais peu utilisé dans les langages de programmation et, surtout, absent des noms et des prénoms, lui semble parfait. Le voilà propulsé dans l'univers numérique, où il s'impose rapidement comme un standard mondial de la messagerie électronique.

 

Depuis, l'arobase est devenu un symbole de l'ère numérique, tout en conservant ses racines médiévales et commerciales. Sa forme en spirale, qui enserre le "a", évoque l'adresse, la destination, mais aussi la transmission d'un message, d'un point à un autre. Derrière ce simple caractère se cache une histoire longue de plus de mille ans, celle d'une trace d'encre médiévale devenue le signe quotidien de nos communications numériques.